Posted by on 7 août 2013 in Presse |

Des virologues ont annoncé mercredi 7 août qu’ils comptaient créer des formes mutantes et plus dangereuses du virus de la grippe aviaire H7N9, afin d’évaluer plus facilement les risques de pandémie que représenterait sa transmissibilité d’un humain à l’autre. Le virus H7N9, qui a pour la première fois été diagnostiqué chez l’être humain en février, a infecté au moins 133 personnes, pour la plupart en Chine et à Taïwan, et en a tué 43 personnes, selon les derniers chiffres en date de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les virologues Ron Fouchier et Yoshihiro Kawaoka seront en charge de ce projet, qui sera mené dans plusieurs laboratoires à travers le monde. Dans un article publié dans les revues de référence Science et Nature, au nom des 22 scientifiques qui mènent le projet, Ron Fouchier explique que ces recherches tentent d’aller plus vite que la nature, en identifiant les combinaisons de mutations génétiques susceptibles de permettre une telle transmissibilité du virus.

INQUIÉTUDE DES AUTORITÉS

« Ce virus H7N9 a certainement plusieurs caractéristiques d’un virus pandémique, et il lui manque aussi certainement au moins une ou deux des caractéristiques observées dans les virus pandémiques du siècle dernier », affirme Ron Fouchier. « L’étape la plus logique, c’est donc désormais de provoquer ces mutations manquantes en premier », a-t-il ajouté.

Cette identification a pour but de permettre aux chercheurs et aux autorités sanitaires de mieux évaluer la dangerosité d’un virus et la nécessité de développer des médicaments, des vaccins et d’autres défenses médicales. Ce type de recherches, déjà effectuées en 2011 sur le virus H5N1, a cependant provoqué par le passé l’inquiétude des autorités de régulation de biosécurité des Etats-Unis (NSABB), qui ont tenté de censurer leur publication par crainte qu’elles soient employées à des activités bioterroristes.

« La nature est la plus grande menace contre nous, pas ce que nous faisons dans le laboratoire », estime Ron Fouchier. « Il y a des couches et des couches et des couches de sécurité biotechnologique, de façon à ce qu’en cas de rupture de l’une d’entre elles, les autres empêcheront toute échappée de ce virus. »

Le Monde.fr avec Reuters