Posted by on 10 juil. 2013 in Presse |

Une patiente est décédée à Versailles (Yvelines) à la suite d’un bug informatique. Selon un rapport de la commission régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI) des accidents médicaux d’Ile-de-France du 4 mars 2013, ces dysfonctionnements sont fréquents.

Le monde des blouses blanches est confronté à une épidémie de bugs informatiques qui provoquent des sueurs froides dans les salles de réanimation. Voire des vrais drames, comme à l’hôpital de Versailles (Yvelines). En novembre 2011, une patiente décède à la suite d’une allergie médicamenteuse. Or on sait désormais, grâce au rapport de la commission régionale de conciliation et d’indemnisation en date du 4 mars 2013, que ce décès est dû à une défaillance informatique.

Lydia Cohen, victime d’un bug à Versailles « Des milliers de patients potentiellement en danger » Des défaillances partout en France Les sociétés informatiques se défendent Touraine : «si des logiciels dysfonctionnent, ils seront évidemment retirés» Ce document, que nous avons pu consulter, est encore plus inquiétant : il estime que la menace de défaillance est réelle dans de nombreux hôpitaux avec des conséquences potentiellement gravissimes pour les patients. Les experts écrivent noir sur blanc que « ces systèmes, en place dans de nombreux établissements, n’assurent pas une sécurité fine, en particulier dans le domaine des éventuelles allergies ».

Leur certification sera effective… en 2015

Ce constat alarmant a poussé Alain-Michel Ceretti, fondateur de l’association de patients le Lien, à réclamer d’urgence à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, de « retirer le plus vite possible les logiciels qui dysfonctionnent ». Contacté hier, le ministère a renvoyé la balle vers les agences de l’Etat.

«Nous avons reçu plusieurs dizaines de signalements de dysfonctionnements sur ces logiciels depuis 2012», reconnaît l’Agence nationale de sécurité du médicament. Certains font froid dans le dos. Ainsi, le fabricant du logiciel Chimio — destiné à prendre en charge les cancers — envoie un message pour signaler «qu’il a détecté un problème sur une version de Chimio 3.1 dans le report des réductions des doses d’une cure sur la cure suivante», et qu’il demande à ses clients «de le remplacer par la version suivante».

Au départ pourtant, l’idée de substituer les vieux dossiers papier était excellente. Un arrêté du ministère de la Santé d’avril 2011 préconisait sa généralisation. Cela faisait suite au drame du petit Ilyès, un enfant décédé à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris, XIVe), en raison d’une erreur de prescription médicamenteuse de l’infirmière. La désorganisation du service avait été pointée du doigt. « Faire confiance aux logiciels ne remplacera jamais les médecins », conclut avec bon sens le docteur Yves Rebuffat, anesthésiste, et vice-président du syndicat SNPHAR-E. La solution passe par une certification de ces centaines de logiciels. Elle sera effective… en 2015

Par Marc Payet et Sébastien Ramnoux, Le Parisien